Les investissements dans le secteur touristique croate, en particulier dans les établissements de catégorie supérieure tels que les hôtels et les campings, représentent un moteur important de la croissance économique. De tels investissements non seulement renforcent directement les activités des entités dans lesquelles ils sont réalisés, mais génèrent également une série d'effets multiplicateurs qui s'étendent à l'ensemble de l'économie. Il s'agit d'une augmentation des recettes touristiques totales, tant au niveau de la destination qu'au niveau national, d'une stimulation de l'emploi et d'un afflux notable de fonds dans les budgets locaux et de l'État.

Une analyse récente, menée pour l'Association croate du tourisme (HUT) par le cabinet de conseil HD Consulting, a mis en lumière les avantages économiques concrets de ces investissements. La recherche s'est concentrée sur un échantillon de 20 projets d'investissement dans des hôtels et des campings, réalisés par six grandes entreprises touristiques nationales. La valeur totale de ces projets, réalisés entre 2016 et la fin de 2025, atteint le chiffre impressionnant de 570 millions d'euros. La principale conclusion de l'étude est que de tels investissements rapportent la valeur investie dans un délai relativement court. Plus précisément, une nouvelle valeur ajoutée équivalente à l'investissement initial est générée en huit ans. Observé sur une période plus longue de douze ans, l'État perçoit l'intégralité du montant de l'investissement uniquement grâce à la perception des charges fiscales et parafiscales.

Répartition détaillée des effets économiques

Les investissements analysés, selon la recherche susmentionnée, ont entraîné une augmentation annuelle des recettes touristiques directes et indirectes de pas moins de 319,75 millions d'euros. Cet afflux financier s'accompagne d'une création importante de nouveaux emplois – 1 483 emplois directs et 1 175 emplois indirects supplémentaires ont été créés. La contribution aux finances publiques est également exceptionnelle, les charges fiscales et parafiscales annuelles atteignant 47,27 millions d'euros. En outre, il convient de souligner les versements indirects uniques à l'État, provenant des salaires et revenus des entrepreneurs et de la TVA sur les équipements et le mobilier achetés, qui se sont élevés à 54,14 millions d'euros.

Traduit à un niveau pratique, chaque million d'euros investi dans les capacités d'hébergement des hôtels et des campings entraîne une augmentation annuelle des revenus touristiques directs et indirects de 560 666 euros. Dans le même temps, un tel investissement crée 2,6 nouveaux emplois directs et 2,1 emplois indirects. L'augmentation annuelle des charges fiscales et parafiscales par million d'euros d'investissement s'élève à 82 836 euros, tandis que les versements uniques à l'État atteignent 94 880 euros. Ces données indiquent sans équivoque la haute rentabilité et la justification économique des investissements dans des capacités touristiques de qualité.

Structure de l'hébergement et le défi du surtourisme

Veljko Ostojić, directeur de l'Association croate du tourisme, souligne le problème structurel du tourisme croate. « L'hébergement hôtelier en Croatie ne représente que 9,5 % des capacités d'hébergement totales, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de nos concurrents méditerranéens », souligne Ostojić. C'est précisément cette structure d'hébergement disproportionnée, avec la prédominance de l'hébergement privé, qui a été identifiée comme la cause principale du phénomène de surtourisme, qui pèse de plus en plus sur de nombreuses destinations croates pendant la haute saison. Par conséquent, cela conduit également à une consommation journalière moyenne des touristes plus faible en Croatie par rapport aux pays concurrents de la Méditerranée.

Les hôtels, d'autre part, ont le potentiel de générer un trafic touristique plus long et d'attirer des clients à plus fort pouvoir d'achat, ce qui se traduit par une consommation moyenne plus élevée. Il est important de noter que l'hébergement hôtelier, en particulier celui de catégorie supérieure, exerce une pression nettement moindre sur les ressources naturelles et les infrastructures locales. « En encourageant les investissements principalement dans l'hébergement hôtelier, nous pouvons simultanément augmenter les avantages économiques du tourisme et réduire les effets négatifs que le modèle actuel a sur les communautés locales et l'environnement », explique Ostojić. Il souligne également la pratique des pays de la région qui, dans le but de renforcer leur potentiel touristique, appliquent une série d'instruments pour encourager les investissements dans l'hébergement hôtelier de haute catégorie. Ces mesures, encore insuffisamment représentées en Croatie, comprennent des combinaisons de prêts subventionnés, de subventions et d'allégements fiscaux. Dans la plupart des pays concurrents, les modèles de projets à usage mixte sont reconnus et réglementés par la loi, contribuant de manière significative à la rentabilité des projets touristiques, à l'attractivité des investissements et au renforcement de la position des destinations sur le marché mondial. En adoptant de telles pratiques, qui sont la norme dans l'environnement concurrentiel, la Croatie pourrait attirer des investissements importants dans un hébergement hôtelier de qualité. Cela entraînerait à son tour une augmentation des dépenses touristiques, une prolongation de la saison et une réduction de la pression du surtourisme pendant les mois d'été.

Analyse comparative et politiques d'incitation modernes

Dans ce contexte, Ostojić a également présenté les résultats d'une analyse comparative des incitations à l'investissement dans le tourisme, préparée pour HUT par Horwath HTL Zagreb. L'analyse portait sur l'Autriche, le Monténégro, Malte, l'Italie, la Hongrie, le Portugal, la Grèce, la Serbie et l'Albanie. L'une des principales conclusions est la tendance au renforcement progressif du rôle stratégique de l'État dans l'orientation des investissements touristiques. Les politiques modernes de stimulation des investissements touristiques dépassent le cadre des subventions classiques et assument de plus en plus le rôle de stratégies de développement actives. Les incitations ne se limitent donc pas exclusivement au soutien financier ; la pratique montre qu'il s'agit de gérer l'orientation, la structure et les effets des investissements par le biais de modèles sophistiqués à plusieurs volets. Outre les combinaisons déjà mentionnées de subventions, de dons et d'allégements, on observe une évolution vers des incitations thématiques. Un accent particulier est mis sur les domaines de l'efficacité énergétique, de la transition numérique et de la responsabilité sociale des entreprises (ESG).

Propositions pour renforcer l'attractivité des investissements du tourisme croate

Afin d'éviter une nouvelle baisse de l'attractivité des investissements et de la compétitivité des investissements dans le tourisme croate, l'Association croate du tourisme propose l'adoption d'une série d'instruments concrets. Ces instruments visent à encourager les investissements dans les hôtels et campings nouveaux et existants, mais aussi à transformer l'hébergement privé existant en hébergement hôtelier à plus forte valeur ajoutée. Les mesures proposées comprennent :

• Subventions (fonds non remboursables) pour la construction et l'extension des capacités d'hébergement dans les zones touristiquement sous-développées. L'intensité de l'aide serait élevée (jusqu'à 40 % des coûts éligibles), et les fonds seraient destinés aux hôtels et campings 4 et 5 étoiles. Cette mesure pourrait stimuler le développement du tourisme dans des régions telles que la Slavonie ou l'intérieur de la Dalmatie.


• Subventions (fonds non remboursables) pour la construction et le développement de capacités hôtelières dans les zones touristiquement développées, avec une intensité d'aide plus faible (jusqu'à 20 % des coûts éligibles). Cette mesure s'appliquerait exclusivement aux hôtels, encourageant une nouvelle amélioration de la qualité dans les destinations établies telles que l'Istrie ou Dubrovnik.


• Taux d'intérêt subventionnés pour la construction et le développement de capacités hôtelières et dites à usage mixte, avec une intensité d'aide moyenne et élevée.


• Subventions (fonds non remboursables) pour la montée en gamme des hôtels existants vers 4 et 5 étoiles, avec une intensité d'aide moyenne (jusqu'à 30 % des coûts éligibles).


• Subventions (fonds non remboursables) pour le développement d'hôtels diffus et intégraux, avec une intensité d'aide élevée (jusqu'à 40 % des coûts éligibles). Cette mesure vise à transformer l'hébergement privé existant en capacités hôtelières de qualité grâce à des modèles d'hôtels diffus et intégraux, ce qui est particulièrement intéressant pour préserver l'authenticité des petites localités.


• Subventions (fonds non remboursables) pour les investissements dans la durabilité et les composantes ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans le tourisme. Une intensité d'aide élevée (jusqu'à 70 % des coûts éligibles) est envisagée pour les investissements dans l'efficacité énergétique, les sources d'énergie renouvelables, la numérisation et la mise en œuvre de modèles d'entreprise socialement responsables.


• Incitations à l'investissement pour le développement d'installations hôtelières supplémentaires et l'amélioration de la qualité, par exemple pour les investissements dans de nouveaux centres de spa et de bien-être, des salles de conférence, des terrains de sport, et l'amélioration du niveau de l'offre gastronomique.


• Encouragement et réglementation juridique précise des projets dits à usage mixte, qui comprennent des résidences de marque et sans marque. De tels modèles, comme déjà souligné, contribuent de manière significative à la rentabilité des projets, attirent les investissements et renforcent la position des destinations sur le marché mondial. Les exemples de projets à usage mixte réussis dans le monde montrent leur potentiel pour une exploitation toute l'année et une diversification de l'offre.

La mise en œuvre de ces mesures, selon l'Association croate du tourisme, est essentielle pour assurer la durabilité et la compétitivité à long terme du tourisme croate, tout en augmentant simultanément ses effets économiques positifs et en réduisant les conséquences négatives du tourisme de masse. La création d'un environnement d'investissement plus favorable attirerait les capitaux nécessaires à la transformation vers un secteur touristique de meilleure qualité, plus résilient et plus responsable, qui contribue à la prospérité de l'ensemble du pays.

Une orientation stratégique vers l'amélioration de la qualité de l'hébergement et de l'offre touristique globale, en mettant l'accent sur la durabilité et la gestion responsable des ressources, est une condition préalable au repositionnement de la Croatie en tant que destination à haute valeur ajoutée. Cela implique non seulement des investissements dans la « brique et le béton », mais aussi des investissements continus dans le potentiel humain, l'innovation et la transformation numérique. Le développement de produits touristiques tout au long de l'année, la dispersion du trafic touristique vers les zones moins développées et le renforcement de la résilience du secteur aux chocs externes, tels que les pandémies ou le changement climatique, doivent faire partie intégrante du nouveau paradigme de développement. En ce sens, les incitations proposées représentent une étape importante vers la réalisation de la vision de la Croatie en tant que première destination méditerranéenne pour le tourisme durable.